Deux livres récents mettent en récit la réflexion théologique, ou en tout cas la mettent en dialogue.

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Le petit ouvrage d’Olivier Bauer, Le protestantisme et ses cultes désertés. Lettres à Maurice qui rêve malgré tout d’y participer, Genève, Labor et Fides, 2008, 104 p., aborde la question du culte protestant sous la forme d’un dialogue fictif, par courrier, entre l’auteur et quelqu’un qui s’intéresse à la théologie (le livre se présente comme un recueil des lettres de l’auteur), dans sa version protestante en particulier, mais qui n’a pas de pratique chrétienne et qui souhaite franchir une étape supplémentaire de son apprentissage en participant à un culte protestant. Les ingrédients habituels de la narration ne manquent pas à ce dialogue : personnages originaux, répliques savoureuses et suspense. Une bonne introduction à la liturgie protestante.




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Dans un tout autre genre, Paul Young, La Cabane. Là où la tragédie se confronte à l’éternité, Paris, Guy Trédaniel éditeur, 2007, 303 p., beaucoup plus épais, s’inscrit dans la lignée des fictions évangéliques récentes. Le livre, qui se présente comme un best-seller aux États-Unis (argument de vente assez fréquent), part d’une idée originale, mise en scène de façon inattendue. Le personnage principal, suite à un drame personnel, passe un week-end avec Dieu dans un lieu isolé. Là encore, on est plus dans le dialogue que dans le récit, puisque la trame narrative cède rapidement la place à un dialogue avec Dieu.

L’auteur n’hésite pas à prendre des risques : pas seulement parce qu’il met en scène une Trinité incarnée sous la forme d’une femme afro-américaine (le Père), d’une femme asiatique (l’Esprit) et de Jésus, mais aussi parce qu’il met la réflexion théologique directement dans la bouche de Dieu… L’ensemble donne lieu à des formules bien trouvées, parfois émouvantes, sur l’intimité avec Dieu à laquelle prétend la foi évangélique (c’est le thème principal du livre).

Malheureusement, l’ouvrage est plombé par une traduction qui, même si elle aurait pu être globalement correcte, comporte suffisamment de failles pour gâcher la lecture (dès le titre ; voir aussi les « ricanements divins »…). En résumé, même si La Cabane est loin d’être à la hauteur de certains de ses prédécesseurs (comme ceux de Peretti), le projet ne manque pas d’audace et ne manque pas de susciter la réflexion.