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Laurent Gagnebin, dans son livre La bénédiction du mariage. Sens et enjeux de la célébration religieuse (Olivétan, 2006), rappelle que la cérémonie de mariage n'est pas - et n'a jamais été - pour les protestants un sacrement. Même si les Réformateurs et leurs héritiers ont parfois hésité sur tel ou tel sacrement, ils ont toujours été unanimes sur la cérémonie de mariage. Le mariage, rappelle l'auteur, fait partie de l'ordre créationnel. Il est accessible à tous les êtres humains, et non pas aux seuls chrétiens.

La cérémonie de mariage, du coup, ne fait pas le mariage, contrairement à ce qui se passe en théologie catholique, où la cérémonie religieuse n'est justement pas une simple "cérémonie", et plus même qu'une simple "bénédiction". Luther disait que le mariage est du domaine civil, et qu'il n'appartient pas aux ministres du culte d'en fixer les modalités (Petit Catéchisme, « Formulaire concernant le mariage »). Cela ne signifie pas que les Eglises ne peuvent organiser la cérémonie comme elles l'entendent, mais cela signifie que les Eglises ne marient pas et que la "cérémonie religieuse" n'a pas à répéter ce qui a été fait à la mairie, notamment dans la formulation des engagements des époux. En France, le principe du mariage civil date de la Révolution. Il fut intégré à la constitution de 1790, puis confirmé par le Code civil de 1804 (p. 38).

Comme l'écrit Laurent Gagnebin (p. 18) : "C'est donc le mariage civil pour tous et non pas un mariage religieux destiné aux seuls chrétiens qui va en réalité apporter aux époux la légitimité de leur union. La Réforme a ainsi mis en question et même supprimé les prétentions d'ordre législatif et judiciaire de l'Eglise dans sa compréhension et sa gestion du mariage."