Voeux_2012_FPF.jpgJe place ces voeux sur le registre de la mémoire… non pas de façon nostalgique mais comme raison de plus pour nous engager dans la durée.

L’an dernier à ces mêmes voeux, j’évoquais les otages français, leur sort dramatique faisait alors la une des médias. Le questionnement médiatisé des familles sur la mort au Niger, des deux jeunes Français à la suite de l’intervention de l’armée française, a remis d’actualité le sujet des otages. Mais il faut convenir que depuis l’an dernier ils ne sont plus à la une des journaux. Mme Françoise Larribe a été libérée en février, les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier l’ont été également, ainsi que Guilad Shalit, mais le mari de Françoise Larribe et six autres personnes sont encore prisonniers au Sahel et je ne parle pas des otages dans les autres parties du monde. Cette évocation me permet de souligner que nous devons faire un effort constant pour résister au tourbillon de l’actualité, qui finirait pas nous rendre amnésiques et inconstants, avec l’illusion inconsciente que demain sera miraculeusement meilleur qu’aujourd’hui... Je fais le voeu que nous sachions rester fidèles à nos engagements, car malgré tout, nous espérons.

Les prises d’otages dont je viens de parler invoquent souvent des motifs religieux ; les persécutions religieuses se font aussi au nom d’une religion sensée être la seule légitime. Je dois dire que la situation des chrétiens au Moyen-Orient, Afrique du nord, Soudan, Nigéria, est très préoccupante. Mais elle ne doit pas préoccuper seulement les chrétiens, elle indigne quiconque estime que la liberté de conscience est un principe qui ne se discute pas. Il faut constater que de manière générale la liberté est la grande perdante de cette tension générale puisque, jusque dans nos pays, qui ont fondé leur gouvernance sur les droits humains, la peur pousse certains à demander la restriction de la liberté d’expression. Les extrêmes se mettent parfois d’accord sur ce point.

Même si beaucoup de spectacles, de textes et de discours me heurtent, je suis persuadé que la seule réplique légitime, honorable et efficace à l’ignorance, à l’insulte et à la violence se trouve dans le dialogue, l’argumentation, le vote mais certainement pas dans la violence en retour. Je fais mienne cette parole de Voltaire disant : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dîtes, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »

Cette volonté s’inscrit aussi dans le débat actuel sur la laïcité. Je concède qu’il est facile en raison de ce que je disais il y a un instant, de dire que la religion est décidément du côté de l’obscurité. J’ai lu récemment un livre consacré à la laïcité dont plusieurs pages allaient dans ce sens. Vous allez dire que je viens de donner des bâtons pour me faire battre en énumérant les persécutions religieuses. Certes ! Mais d’une part je conteste la référence faite aux religions pour justifier la contrainte, c’est illégitime. D’autre part, je suis convaincu que toutes les idéologies produisent de l’oppression, c’est pourquoi les religions n’ont pas l’exclusivité de l’obscur ! Je trouve en revanche obscurantiste le refus du débat, le refus de remettre en question des certitudes éphémères et souvent politiques. Je suis donc étonné quand on nous refuse la rencontre à ce sujet ! Ceci dit, même snobés par certains éclairés, nous continuerons à revendiquer notre droit à la parole et à l’action dans la sphère publique. Nous, croyants, nous sommes des citoyens qui ne valent sans doute pas plus que les autres, mais certainement pas moins.

Souvenir encore ; Ellul aurait eu 100 ans la semaine dernière… il serait dommage de n’en pas parler d’autant qu’il a beaucoup à dire sur tout ce qui nous préoccupe aujourd’hui et notamment sur l’illusion politique. Dans le numéro de Réforme, consacré à Ellul, il est rappelé qu’il annonce l’emprise croissante des experts sur le politique, qui perd alors la capacité de choisir. Nous avons vu cela se réaliser en Grèce, par exemple. Ellul va jusqu’à dire que les politiques sont condamnés à l’éphémère, je souhaite que la campagne électorale, qui a commencé, ne lui donne pas trop raison. J’en conclus en tout cas que les citoyens que nous sommes ne doivent surtout pas abdiquer leur responsabilité. Si nous ne comprenons pas tout, nous voyons bien que certains ont oublié des principes simples qui sont la base de toute démocratie. La complexité n’excusera jamais la malhonnêteté et l’irresponsabilité. Je fais le voeu que nous reprenions notre destinée en main en aidant par nos suffrages les politiques à faire leur métier, qui consiste à choisir courageusement.

Pour vous montrer que nous restons pleins d’espérance dans ce domaine, nous organisons un colloque sur un thème récurrent au sein de la Fédération protestante : « Église et pouvoir ». Nous le tiendrons le 24 mai prochain, après l’élection présidentielle et avant les législatives ! Une rencontre à ne pas manquer!

Souvenir toujours : il y a deux ans jour pour jour, Haïti était frappé par un séisme épouvantable. Là encore le feu de l’actualité n’est plus sur cette île, et quand on en parle c’est souvent de manière assez désabusée. Est-il encore utile de s’engager ? Oui, bien sûr, nous le croyons. La Fédération protestante de France poursuit son accompagnement de la Fédération protestante d’Haïti et de ses nombreux projets. Le travail est long mais nous faisons tout pour qu’il soit durable. Merci de votre soutien.

Vous l’avez constaté notre carte de voeux invite à la lecture de la Bible, une lecture qui donne des repères hors du flux quotidien. De cette manière nous pensons qu’il est possible de résister au découragement, aux pressions de l’urgent, aussi bien qu’aux mimétismes de bon aloi…. Nous avons choisi cette thématique de la lecture de la Bible et d’une lecture ensemble, qui culminera à « Protestants en fête 2013 », Paris d’Espérance. Et il est évident que ce pari ne vaut pas que pour les protestants ! Nous travaillons déjà activement à la préparation de l’événement, la preuve voici le logo, en avant-première ! Cet arbre fait référence à un verset de Jérémie 17.7 qui dit « heureux l’homme qui met son espérance dans le Seigneur, il est comme un arbre planté près des eaux… qui ne craint donc pas la chaleur et porte du fruit en toute saison. »


(Source : www.protestants.org)