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Beaucoup de choses intéressantes dans l'enquête détaillée de l'IFOP sur les protestants de France, travail dirigé par Sébastien Fath et Jean-Paul Willaime, pour la Fédération Protestante de France et Réforme (pour les résultats et l'analyse, voir le site de Réforme).

Il s'agit en fait de deux enquêtes, portant sur les protestants (702 personnes interrogées) et les pasteurs de la FPF (750 réponses au questionnaire). Chez les pasteurs de la FPF, la répartition des tendances théologiques est la suivante: 33% réformés, 18% luthériens, 32% évangéliques.

Parmi les nombreuses choses que l'on peut relever, et sans prétendre à une analyse précise, notons:

(1) Les protestants sont un peu plus nombreux que je le pensais: entre 2,5 et 2,8% de la population française métropolitaine, soit 1,6 ou 1,7 millions de personnes. Parmi eux, 30 % se disent de sensibilité évangéliques (pentecôtistes-charismatiques compris).

(2) L'important taux de pratique des protestants de France (39% de pratiquants réguliers; c'est-à-dire qui vont au moins une fois par mois au culte; 26% y vont chaque semaine). Le taux de pratique augmente encore plus si l'on se limite aux protestants évangéliques (60% de pratique hebdomadaire).

Parmi les indications de pratique, on peut citer l'importance de la lecture de la Bible : 34% la lisent une fois par semaine, 46% au moins une fois par mois (les 34% compris). Et l'importance de la prière (45 % prient quotidiennement).

Si l'on se limite là encore au groupe évangélique, le taux de lecture de la Bible au moins une fois par semaine passe à 74%, contre 17% dans la population luthéro-réformés. Ce qui confirme ce que l'on pourrait dire de manière légèrement caricaturale: les protestants évangéliques sont les "derniers" chrétiens à s'intéresser massivement au contact direct avec la Bible et à faire de la lecture personnelle de la Bible l'un des essentiels de leur foi. D'ailleurs, 74 % des protestants évangéliques déclarent adhérer au protestantisme "à cause de la place accordée à la Bible". Ce qui n'exclut évidemment pas que d'autres chrétiens s'intéressent à la Bible (près d'un catholique pratiquant sur deux, d'après l'enquête IPSOS de janvier 2010, lit la Bible au moins une fois par semaine), mais les taux de pratique de la lecture personnelle sont sans appel.

(3) Concernant la création du CNEF, on peut noter que les protestants en général ne se préoccupent pas forcément autant des structures que leurs pasteurs, puisque 61 % disent ne pas connaître ou ne pas connaître suffisamment le sujet (54% des évangéliques, plus 18% qui n'ont pas d'avis sur la question).

(4) La pratique des jeunes protestants est plus importante que celle de leurs aînés, ce qui est contraire aux tendances religieuses habituelles, et qui ne correspond pas non plus aux toutes récentes enquêtes américaines qui repèrent une chute dramatique de la pratique des jeunes (y compris évangéliques). Le protestantisme évangélique touche les jeunes, les motive et les mobilise: 65% des jeunes protestants évangéliques se rendent au culte chaque semaine. On note les mêmes tendances dans le détail des pratiques: lecture de la Bible et prière.