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Toujours dans le même article, Jean Joncheray propose ce deuxième élément d'analyse du rapport entre l'individu moderne et l'Eglise : l'identité plutôt que l'appartenance.

Pour un certain nombre de gens, "en relation avec l'Eglise ou faisant appel à elle par intermittence", dit l'auteur (p.63), le mot "appartenance" ne convient plus. Il est trop fort. Les personnes en question ne diraient d'ailleurs probablement pas qu'elles "appartiennent" à l'Eglise. L'auteur propose donc, s'appuyant sur des travaux de sociologie, "de réfléchir en termes d'identité plutôt que d'appartenance" (p.64): "La référence à une tradition ou à un message religieux peut contribuer à façonner l'identité de quelqu'un, d'une façon plus ou moins marginale ou au contraire centrale, sans pour cela que la personne se perçoive obligatoirement comme membre d'un corps, d'un organisme" (p.64).

Les enquêtes sur les convictions religieuses des croyants (en France pour celle que cite l'auteur, mais aussi aux Etats-Unis, dans un contexte ecclésial évangélique) montrent que les dogmes ne sont pas unanimement partagés; et qu'un attachement à des valeurs ou à un héritage religieux peut aussi justifier l'étiquette confessionnelle que l'on se donne.

Dans un contexte professant, on ne peut se contenter d'en déduire qu'il devient difficile de "tracer une frontière claire entre ceux qui appartiennent au troupeau des fidèles et ceux qui n'en font pas partie" (p.64). Mais on est obligé de prendre acte de la diversité des parcours et des motivations qui conduisent une personne à se rapprocher d'une Eglise. Et on aura intérêt à ne pas sous-estimer le décalage qui peut exister entre l'appartenance ou l'engagement, d'une part, et le rapprochement ou l'identification partielle, d'autre part.