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La prédication occupe une place importante dans le culte évangélique d’aujourd’hui. Alors que, depuis plusieurs décennies déjà, l’heure est à la réduction drastique du temps des prédications, la prédication évangélique demeure relativement longue : 20 minutes minimum en général, jusqu’à 45 minutes, voire plus dans certaines cultures et traditions ecclésiales. Le prédicateur américain Bryan Chapell, dans son manuel homilétique, suggère néanmoins de ne pas dépasser 30 minutes.

Alors que le discours oral n’est pas au mieux de sa forme, surtout s’il ne sert pas de faire-valoir à l’image, ou s’il ne joue pas sur des registres excessifs, la prédication évangélique, au moins dans sa version classique, reste un simple discours oral, dans lequel l’image, lorsqu’elle est présente, ne vient qu’en second, à l’appui de la parole.

L’espace homilétique existe donc, et la prédication n’a pas à forcer la porte pour entrer dans le culte évangélique. Elle y a toute sa place, elle y est légitime, elle est même souvent attendue. Rien ne permet de dire que d’autres éléments du culte viennent empiéter sur son territoire. Au contraire, il arrive même qu’elle oriente de son thème le reste du culte. On pourrait penser que, dans certains courants, le chant grignote de la place, mais si c’est le cas, ce n’est pas au détriment de la prédication : les Églises qui survalorisent le chant ont en général des cultes longs, et dans ces cultes longs de longues prédications…

Il ne suffit évidemment pas de disposer du nombre de minutes nécessaires à la prédication pour qu’il y ait prédication. La question se pose du rapport à l’Écriture du discours prononcé, et de son actualité. Ces deux pôles essentiels de la prédication ont parfois tendance à attirer à eux les prédicateurs, alors que la prédication évangélique devrait être à la fois scripturaire et actuelle. C’est d’une part la question de la formation des prédicateurs qui se pose ici ; et d’autre part la question de leur rapport à la réalité du monde et de la vie des auditeurs. En l’absence de contenu biblique, c’est évidemment la personnalité du prédicateur, qui devient alors un acteur, qui prend le dessus. En l’absence d’actualité, ou de pertinence, on ne peut pas parler de proclamation évangélique mais simplement de discours.