On sait que les personnages féminins occupent davantage de place dans l’Évangile de Luc que dans les trois autres évangiles. Luc mentionne notamment, dans des récits qui lui sont propres, plusieurs femmes qui sont au bénéfice du ministère de Jésus (Lc 7.36-50 : la femme au parfum ; Lc 8.1-3 : Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne, bénéficiaires du ministère de guérison et de délivrance de Jésus ; Lc 13.11-17 : la femme infirme). De même, les figures féminines font partie, d’une manière qui est propre à Luc, de la « matière première » d’enseignements et de paraboles : Lc 4.26 (la veuve de Sarepta) ; 13.20-21 (la femme au levain) ; 15.8-10 (la femme à la pièce d’argent) ; 17.35 (les deux femmes qui moudront) ; 18.1-8 (la veuve importune).

Mais cette présence féminine ne s’arrête pas là et se prolonge dans l’action : les disciples femmes de Luc ont leur place dans le cadre du ministère de Jésus : Marie de Magdala, Jeanne, Suzanne, qui servent de leurs biens (Lc 8.1-3) ; Marthe et Marie (Lc 10.38-42) ; les femmes de la Passion (23.49 ; 23.55-24.12, leurs déclarations sont en 24.10-11) ; voir aussi les déclarations de Marie, d’Élisabeth et Anne (Lc 1-2).

Il arrive d’ailleurs parfois à Luc, comme l’ont noté les exégètes, de présenter ses personnages par paires homme-femme (voir l’officier romain de 7.1-10 et la veuve de Naïn de 711-17 ; l’homme aux brebis de 15.3-7 et la femme aux pièces d’argent de 78-10).

Ce schéma se prolonge dans le second volume de Luc, le livre des Actes des apôtres, où des femmes ou des paires hommes-femmes sont au bénéfice du ministère des apôtres : paire Énée-Tabitha, bénéficiaires du ministère de Pierre (Ac 9.32-42) ; la servante à l’esprit pythique, bénéficiaire du ministère de Paul (Ac 16.16-18) ; des femmes bénéficiaires du ministère de Paul (Ac 17.4, 12, 34).

Comme dans l’Évangile de Luc, ce schéma se prolonge jusque dans l’exercice des ministères, où hommes et femmes collaborent sans que des distinctions particulières soient signalées : dans la prière, paire hommes-femmes (1.14) ; des femmes aisées, bienfaitrices, nommément citées (Tabitha, Marie, Lydie ; 9.36, 39 ; 12.12 ; 16.15) ; collaboration avec Paul d’Aquilas et Priscille (18.2) ; les filles prophétesses de Philippe (21.9).