Les cantiques ont-ils une fonction catéchétique ? Autrement dit, ont-ils, entre autres, pour fonction (ou pour effet) d’enseigner à ceux qui les chantent quelque chose sur Dieu ou sur la foi ? Dans l’histoire, cette fonction est à certaines périodes bien documentée. Le rôle des cantiques dans la diffusion et l’enseignement de la pensée de la Réforme, par exemple, devrait pouvoir être démontré.

Néanmoins, il n’est pas acquis que cette fonction soit permanente, ni qu’elle soit présente au même degré, ou identique, à toutes les périodes. Il n’est pas non plus exclus que la fonction des chants varie selon les époques. Les chants actuels de Taizé, par exemple, qui sont connus pour leur caractère simple et répétitif, ont une fonction assumée : ils se veulent méditatifs, souhaitent dire en peu de mots une réalité fondamentale, facile à saisir par l’intelligence, et ouvrir à l’écoute et à l’attente de Dieu. Cela ne signifie pas que la didactique soit absente, puisque cette « réalité fondamentale », longuement répétée, est intériorisée par les personnes qui chantent. Mais il s’agit d’une catéchèse qui est moins de l’ordre de l’instruction que de l’ancrage et de la spiritualité.

Nos cantiques évangéliques contemporains (en particulier ceux de JEM 1-3), pour prendre un autre exemple, véhiculent une certaine image de Dieu et de la relation avec Dieu. Mais ces cantiques nous communiquent-ils leur image de Dieu ? Ou bien est-ce que nous les chantons parce que l’image de Dieu qu’ils contiennent correspond à ce que nous croyons de Dieu ? C’est probablement un peu des deux. Nous choisissons les cantiques qui nous conviennent, ceux avec lesquels nous nous sentons en phase, et en même temps, ces cantiques, que nous chantons régulièrement, nous transmettent un certain nombre de choses sur Dieu, ou plutôt confirment ce que nous croyons déjà plus ou moins sur Dieu.

On peut difficilement comparer directement la fonction catéchétique des cantiques d’aujourd’hui à celles d’autres périodes de l’histoire sans prendre en compte l’évolution des modes d’apprentissage. Les moyens d’apprentissage sont aujourd’hui plus nombreux que jamais. Il ne faut donc pas surestimer en la matière le rôle des cantiques. Si l’on devait classer par ordre d’importance les différents moyens d’enseignement dont dispose le chrétien, la prédication viendrait à mon avis en premier ; mais il faudrait aussi citer la lecture publique des Écritures (parfois négligée, malheureusement), la littérature chrétienne dont la qualité ne cesse de s’améliorer, et diverses autres « lieux » de formation.

Dans la mesure où nos cantiques ont une fonction catéchétique, leur contenu doit être lu et analysé attentivement. Mais on veillera à ne pas se tromper de critères d’évaluation. Si on les compare à ce que devrait normalement contenir un catéchisme, alors ils ne passeront pas le test. Si l’on admet qu’ils peuvent venir en complément d’autres moyens d’enseignement, et qu’ils peuvent avoir d’autres fonctions prioritaires, alors la question devient plus subtile. Il faudra en particulier s'interroger sur les fonctions suivantes des cantiques : encouragement, renforcement du lien communautaire (solidarité), expression de joie, préparation à l'écoute de la Parole, confession de faiblesse devant Dieu, etc.