Au mois d'août (2010), le New York Times (1/082010) a rendu compte de différentes études portant sur la condition physique et morale des pasteurs aux Etats-Unis. Les résultats ne sont pas très encourageants, et la manière d'en rendre compte n'est pas sans dramatiser la situation. Apparemment, les taux "d'obésité, d'hypertension et de dépression" sont plus élevés parmi les membres du clergé que dans le reste de la population; de même pour l'arthrite, le diabète, la tension et l'asthme (en tout cas chez les pasteurs méthodistes, d'après une étude de 2007). L'usage d'antidépresseur est en hausse (parmi les membres du clergé) et l'espérance de vie en baisse... De grands noms sont concernés, puisque le fameux auteur et pasteur John Piper a annoncé en mars 2010 une interruption de ministère de 8 mois pour surcharge de travail.
Différents facteurs sont montrés du doigt:
- Les nouveaux moyens de communication, téléphones portables, réseaux sociaux, qui ajoutent au stress ordinaire.
- Le fait que certains pasteurs ne prennent pas les vacances auxquelles ils ont droit.
- L'incapacité à gérer le rapport aux besoins et demandes des autres.
- Le surcroît d'activité lié au vieillissement des Eglises, à la diminution du nombre de bénévoles, au travail du conjoint du pasteur.
- Le devoir de croissance, qui guide le fonctionnement de bon nombre d'Eglises.
- Etc.
Il paraît d'ailleurs que la situation des rabbins et des imams est analogue...
La solution proposée: la déconnexion, non seulement du réseau mais aussi de l'activité pastorale en générale; la redécouverte du rythme sabbatique de la vie humaine, avec ses temps d'activité et ses temps de pause. Bref, sagesse et équilibre... Ce qui paraît être un bon conseil, valable pour tout le monde.
Quoi qu'il en soit, le tableau ne doit pas être dramatisé. Tout d'abord, les moyennes recouvrent des situations très différentes les unes des autres. Ensuite, le magazine Christianity Today, il y a quelques années, puis tout récemment Les Cahiers de l'Ecole Pastorale ont publié des articles de pasteurs heureux (n°75, 2010) !
Mais ne pourrait-on pas aussi suggérer que les pasteurs, par leur proximité avec les difficultés humaines, deviennent en quelque sorte représentatifs de la situation de la société moderne et de ses particularités. Alors peut-être est-ce à eux aussi, en réponse, de prêcher et de montrer la voie de la sagesse et de l'équilibre...