Christophe Paya - Un blog théologique et pratique

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vendredi 6 mai 2011

Nouveautés

Interpretation_Bible_siecles_4.jpg Beaucoup de parutions ces dernières semaines, dont des nouveautés qui méritent une petite mention ici.

Pour les amateurs de lecture et de théologie, voilà quelques ouvrages à ne pas manquer:

L'interprétation de la Bible au fil des siècles, volume 4, XXe siècle (sous dir. Donald K. McKim, Excelsis, 191 pages, 20 euros), est le dernier volume d'une série de quatre qui est en fait un dictionnaire des interprètes de la Bible. Ce dernier tome a l'intérêt de présenter des exégètes récents, dont on a forcément lu l'un ou l'autre ouvrage ou commentaire. Comme le champ est immense, l'ouvrage se limite aux Européens.

Pour ne citer que quelques noms, mentionnons James Barr, C.K. Barrett (exégète, auteur de multiples commentaires du N.T.), Karl Barth, Bornkamm, Bultmann, Culmann, Dodd, Jeremias, Käsemann, von Rad, Albert Schweitzer, etc.

On peut relever en particulier le nom du grand exégète anglais F.F. Bruce (1910-1991). Spécialiste du N.T., il a aussi largement écrit sur l'A.T. Un ou deux de ses livres ont été traduits en français, mais peu. Pourtant, la plupart de ceux qui étudient sérieusement la Bible ont eu à faire à lui un jour ou l'autre.

L'article complète bien son autobiographie, que j'ai lue il y a quelques années (In Retrospect), et une toute récente biographie: F.F. Bruce. A Life: A Private Person...A Fearless Scholar (par Tim Grass; Paternoster, 2011).

Dans l'article de L'interprétation de la Bible au fil des siècles, on apprend l'essentiel du parcours de cet exégète qui a enseigné toute sa vie dans les plus grandes institutions britanniques, qui au niveau ecclésial était attaché aux assemblées de frères; qui a fait preuve d'une étonnante indépendance d'esprit, faisant de la liberté chrétienne (perçue en particulier chez l'apôtre Paul) l'un des traits majeurs de sa réflexion et de sa vie (contre le légalisme, contre les distinctions homme/femme en matière de ministère chrétien, contre les discriminations).

Voilà ce que dit l'article, citant Bruce:

"J'ai du mal à comprendre que certains ne souhaitent tout simplement pas être libres. Ils ont peur de la liberté. Ils ont peur d'avoir pour eux-mêmes trop de liberté; et ils ont certainement peur d'accorder à d'autres trop de liberté. Il semble préférable de suivre des sillons prédéterminés..."

Bref, un exégète et un penseur d'actualité.

vendredi 12 novembre 2010

Pour une Eglise en mouvement

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Comme annoncé, mon livre sur le discours d'envoi en mission de Matthieu 10 est paru; voir le site internet des éditions Excelsis.

C'est aussi la dernière nouveauté de la collection Théologie biblique (d'où les initiales TB sur la couverture !).

L'exégèse approfondie et détaillée du texte biblique est une pratique passionnante, de même que le dialogue avec les commentateurs et autres théologiens. Mais c'est aussi et surtout une démarche qui influence et qui oriente la réflexion pratique.

J'ai constaté aussi un phénomène intéressant: en travaillant et en creusant à fond un lieu biblique particulier, contrairement à ce qu'on pourrait penser, on ne s'enferme pas dans une spécificité mais on se rapproche du coeur de l'Evangile. Ce qui confirme la notion importante d'unité de l'Ecriture. Et ce qui n'empêche pas, bien sûr, la diversité, dans laquelle chaque texte particulier apporte une part de spécificité (ou sa contribution à l'unité).

Dans le cas du livre Pour une Eglise en mouvement, l'apport spécifique porte sur la mission de l'Eglise dans le monde présent, sur l'exercice du ministère chrétien, sur la communication de l'Evangile, entre autres choses.

vendredi 5 novembre 2010

Pour une Eglise en mouvement

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Ce mois de novembre est marqué par plusieurs nouvelles publications des éditions Excelsis, et en particulier de mon livre sur la mission de l’Eglise, intitulé Pour une Eglise en mouvement. Lecture du discours d’envoi en mission de Matthieu 9.35-11.1. C’est l’occasion pour moi de remercier l’équipe des éditions Excelsis pour son efficacité et sa compétence, et de dire un mot sur ce livre.

Il porte sur l’un des cinq grands discours de l’évangile de Matthieu, le deuxième, dans lequel Jésus envoie en mission la communauté de ses disciples et leur donne les instructions correspondantes. Alors que les longs discours de Matthieu ont eu une grande influence sur l’enseignement de l’Eglise (en particulier le Sermon sur la montagne), ce discours d’envoi en mission a été souvent laissé de côté, probablement en partie à cause de son contenu. Pourtant, le thème de la mission revient dans les dernières paroles de l’évangile de Matthieu (« allez, faites de toutes les nations des disciples… », Mt 28.18-20), texte qui est très souvent considérés par les chrétiens comme fondamental. Or cet envoi final présuppose l’envoi beaucoup plus long et détaillé du chapitre 10. Lire Matthieu 28 sans avoir lu Matthieu 10, c’est passer à côté d’éléments essentiels de la mission de l’Eglise.

Le livre parle donc de la mission de l’Eglise, mais au sens large : l’Eglise est en mission, cela fait partie de son identité. D’ailleurs, le fait que le discours sur la mission vienne en second dans la liste des discours de Jésus n’est peut-être pas sans intérêt. La mission vient par exemple avant la question des relations dans la communauté (ch.18).

Avant de parler de la mission des disciples, il faut évidemment parler de la mission de Jésus, qui occupe les chapitres 8 et 9 de Matthieu. La mission de l’Eglise dépend fondamentalement de celle de Jésus ; le livre y consacre donc un chapitre. Il s’agit avant tout d’un livre d’exégèse : c’est l’étude du texte qui constitue la matière ; et cette étude m’amène à penser qu’il y a matière à prédication et à réflexion dans ce discours de Jésus sur la mission de l’Eglise.

Les conclusions les plus marquantes concernant la mission de l'Eglise sont les suivantes: (1) La mission de l'Eglise doit se situer par rapport à la mission de Jésus; en deux mots, la première ne remplace pas la seconde, mais la mission de l'Eglise consiste à témoigner de la mission de Jésus. (2) L'Eglise doit se situer par rapport aux destinataires de la mission, donc par rapport au monde. Le mouvement du texte est celui d'un rapprochement: certes, l'horizon est immense et lointain, mais l'Eglise est appelée à repérer, dans l'immensité, des individus et à choisir le chemin de la proximité. (3) L'Eglise doit se situer par rapport au temps: elle travaille dans le présent, et doit y rester, mais chaque aspect de sa mission présente a sa contrepartie eschatologique et céleste.

La dernière partie du livre prend de la hauteur et propose des conclusions théologiques. Je pense, entre autres conclusions, que l’étude du texte montre que la mission de l’Eglise est une mission dans laquelle la communication de la Parole de l’Evangile occupe une place fondamentale ; et que Jésus donne des instructions qui précise bien les moyens de la mission (car la fin ne justifie pas les moyens !). Ce livre peut être aussi l’occasion de s’initier à la lecture de l’évangile de Matthieu, bien sûr pour des lecteurs qui souhaitent aller au fond des choses. La question de la structure de l’évangile y est abordée ; de la fonction des discours dans le récit, puisque ces cinq longs discours sont quand même la caractéristique la plus originale de l’évangile de Matthieu.

Le livre est actuellement en pré-commande chez Excelsis, mais seulement pour les membres du club des souscripteurs, puis il sortira officiellement à l'occasion du Centre Evangélique de Lognes (22-23 novembre).

lundi 19 juillet 2010

Lectures d'été

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Pour ceux et celles qui cherchent de la lecture pour l’été, voilà quelques suggestions en vrac.

En commençant par un roman qui ne paraît pas très théologique de prime abord. La dernière trilogie de Stephen Lawhead, Le Roi Corbeau, est en cours de traduction chez Orbit (Calmann-Lévy). Deux volumes sont déjà parus : Robin et Will. Reste à paraître Tuck. Comme ces titres le suggèrent, il s’agit d’un remake de la légende de Robin des bois. Les passionnés seront surpris d’apprendre que la forêt de Robin n’est plus celle de Sherwood, mais la forêt galloise. Puisque c’est au pays de Galles que l’auteur pense avoir repéré les sources de la légende. On retrouve les personnages habituels, mais les méchants sont désormais les envahisseurs normands venus de l’autre côté de la Manche...

Une belle histoire, bien racontée, selon l’habitude de Lawhead. Mais alors que vient faire ce livre dans une chronique théologique ? Notons que les théologiens peuvent lire des romans (et qu’ils feraient d’ailleurs bien d’en lire !). Mais la première fois que je suis tombé sur un livre de Lawhead, c’était à la librairie chrétienne CLC de Londres…

Dans sa version de la légende d’Arthur (Le cycle de Pendragon, 4 vol.), les prêtres chrétiens jouent un rôle important, alors que les versions habituelles sont plutôt païennes. Son meilleur cycle est à coup sûr Le chant d’Albion (3 volumes), belle épopée « narnienne » dans l’autremonde (Albion), dont la beauté est souillée par des intrus venus de notre monde habituel… Dans Le Roi Corbeau, les prières des prêtres (Tuck !) sont toujours très belles et très orthodoxes, de même que les chants. Des romans qui ont la particularité de prendre en compte la culture chrétienne du temps, parfois oubliée par les auteurs qui s’intéressent à ce genre de récit (Fantasy).

Sinon, je note dans les parutions deux livres que je n’ai pas lu mais dont je connais les auteurs et qui mériteront à coup sûr lecture !

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- Un laissez-passer pour la vie !, de Didier et Isabelle Fiévet, chez Olivétan (95 p.).

















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- Le travail, malédiction ou valeur chrétienne ?, de Daniel Wittmann, dans la collection Question suivante des GBU (chez Farel, 86 p.).














vendredi 9 avril 2010

Figures bibliques de la mission

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Le livre Figures bibliques de la mission, publié sous la direction de l'Association Francophone Oecuménique de Missiologie (en la personne de Marie-Hélène Robert, de Jacques Matthey et de Catherine Vialle) vient de paraître aux éditions du Cerf dans la collection Lectio Divina (n°234).

J'ai eu le plaisir d'y participer par un chapitre intitulé "Le discours missionnaire de Matthieu". Et l'ensemble forme un tout qui s'annonce intéressant pour la théologie pratique et la missiologie, par des auteurs représentant une certaine diversité culturelle et ecclésiale.

Pour information, voici le sommaire de cet ouvrage collectif:


GESTE DE DIEU
La bénédiction dans la Bible hébraïque (Jean-Daniel Macchi - Faculté de Théologie Protestante, Université de Genève)
Esther et Judith ; le rôle des païens dans le plan de Dieu (Catherine Vialle - Institut Catholique de Lille)
Identité d'Israël et mission dans l'Ecriture (Marie-Hélène Robert - Université Catholique de Lyon)

FIGURES MISSIONNAIRES
Paul missionnaire ; Approche historique et théologique (Elian Cuvillier - Institut Protestant de Théologie, Montpellier)
La Samaritaine, une pionnière de la mission évangélisatrice dans le Nouveau Testament (Priscille Djomhoué - Université Protestante d'Afrique Centrale, Yaoundé)
L'appel du Macédonien ; Un récit biblique fondateur de la mission ? (Jean-François Zorn - Institut Protestant de Théologie, Montpellier)

RECEPTION COMMUNAUTAIRE
Le discours missionnaire de Matthieu (Christophe Paya - Faculté de Théologie Evangélique, Vaux-sur-Seine)
Un modèle centrifuge et un modèle centripète ? Jésus et la mission de l'Eglise selon Luc-Actes et selon Jean (Marc Schöni - Eglise Evangélique Baptiste, AEEB, Court)
La mission sous le signe de l'altérité: Ac 2.1-41 (Paulin Poucouta - Institut Catholique de Yaoundé)
Mission et guérison. Le rôle des communautés chrétiennes selon quelques textes choisis du NT (Jacques Matthey - Conseil Oecuménique des Eglises, Genève)

vendredi 8 janvier 2010

Parutions récentes

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Le temps passe vite. On en est déjà à la deuxième rentrée littéraire de l'année 2009-2010. Il est donc temps de mentionner quelques titres théologiques récemment parus.

La collection Théologie Biblique des éditions Excelsis vient s'enrichir d'un nouvel ouvrage sur le thème de l'esclavage: Esclave du Christ, de Murray Harris, professeur d'exégèse du Nouveau Testament à la Trinity Evangelical Divinity School (Chicago), l'une des principales facultés de théologie évangélique des Etats-Unis (255 p., 25 €).

S'appuyant sur une étude des données historiques (juives, gréco-romaines), puis sur l'exégèse des textes du Nouveau Testament, l'auteur montre à la fois comment le NT utilise l'image de l'esclavage, ce que cet usage nous dit du point de vue néotestamentaire sur l'esclavage, mais aussi la manière dont le NT retourne l'image pour en fait une métaphore positive du service chrétien.

L'esclavage devient alors un riche thème théologique, qui ouvre sur la question de la seigneurie du Christ, de l'appartenance au Christ, et même sur le statut privilégié d'esclave du Christ.

"Dans sa description de l'esclave du Christ, le Nouveau Testament élimine les traits négatifs qui sont attachés à la notion d'esclavage, de sorte que la métaphore devient une image entièrement positive de la consécration exclusive du croyant au Seigneur Jésus-Christ" (p. 166-167). Bel exemple d'audace théologique !

Présentation de la collection Théologie Biblique

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Un mot de présentation de la collection Théologie Biblique que j'ai le plaisir de diriger aux éditions Excelsis. Cette collection rassemble des ouvrages qui cherchent à rendre compte de façon synthétique du message théologique de tel livre ou section des Ecritures, ou de tel thème dans l'Ancien ou le Nouveau Testament, voire dans l'ensemble des Ecritures. La démarche repose bien entendu sur l'exégèse des textes, mais aussi sur la perception d'un fil conducteur dans l'Ecriture, et des éléments qui font l'unité du canon biblique, malgré sa diversité interne.

Livres déjà parus:

Craig Blomberg, Ne me donne ni pauvreté ni richesse, 2001. Une théologie biblique des biens matériels, qui prend en compte l'ensemble de l'Ecriture.

Samuel Bénétreau, La prière par l'Esprit, 2004. Une étude théologique de la prière s'appuyant sur l'exégèse de Romains 8.26-27.

David Peterson, En Esprit et en vérité, 2005. Une théologie biblique du culte, qui met en particulier en valeur la dimension pédagogique/éducative des rassemblements chrétiens.

Graeme Goldsworthy, Le royaume révélé. De l'Ancien Testament à l'Evangile, 2005. Une étude de théologie biblique sur le thème du royaume de Dieu.

Sylvain Romerowski, L'oeuvre du Saint-Esprit dans l'histoire du salut, 2005. Une étude du thème du Saint-Esprit dans l'ensemble du canon biblique.

Gordon Campbell, L'Apocalypse de Jean. Une lecture thématique, 2007. Une étude approfondie du message de l'Apocalypse.

Samuel Bénétreau, Les prières de Jésus. L'unique et l'imitable, 2009 (2e éd.). Une étude des prières de Jésus dans les quatre évangiles.

Murray Harris, Esclave du Christ, Théologie Biblique, Cléon-d’Andran, Excelsis, 2009. Une étude du thème de l'esclavage dans le Nouveau Testament.

jeudi 17 septembre 2009

Théologie narrative

Deux livres récents mettent en récit la réflexion théologique, ou en tout cas la mettent en dialogue.

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Le petit ouvrage d’Olivier Bauer, Le protestantisme et ses cultes désertés. Lettres à Maurice qui rêve malgré tout d’y participer, Genève, Labor et Fides, 2008, 104 p., aborde la question du culte protestant sous la forme d’un dialogue fictif, par courrier, entre l’auteur et quelqu’un qui s’intéresse à la théologie (le livre se présente comme un recueil des lettres de l’auteur), dans sa version protestante en particulier, mais qui n’a pas de pratique chrétienne et qui souhaite franchir une étape supplémentaire de son apprentissage en participant à un culte protestant. Les ingrédients habituels de la narration ne manquent pas à ce dialogue : personnages originaux, répliques savoureuses et suspense. Une bonne introduction à la liturgie protestante.




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Dans un tout autre genre, Paul Young, La Cabane. Là où la tragédie se confronte à l’éternité, Paris, Guy Trédaniel éditeur, 2007, 303 p., beaucoup plus épais, s’inscrit dans la lignée des fictions évangéliques récentes. Le livre, qui se présente comme un best-seller aux États-Unis (argument de vente assez fréquent), part d’une idée originale, mise en scène de façon inattendue. Le personnage principal, suite à un drame personnel, passe un week-end avec Dieu dans un lieu isolé. Là encore, on est plus dans le dialogue que dans le récit, puisque la trame narrative cède rapidement la place à un dialogue avec Dieu.

L’auteur n’hésite pas à prendre des risques : pas seulement parce qu’il met en scène une Trinité incarnée sous la forme d’une femme afro-américaine (le Père), d’une femme asiatique (l’Esprit) et de Jésus, mais aussi parce qu’il met la réflexion théologique directement dans la bouche de Dieu… L’ensemble donne lieu à des formules bien trouvées, parfois émouvantes, sur l’intimité avec Dieu à laquelle prétend la foi évangélique (c’est le thème principal du livre).

Malheureusement, l’ouvrage est plombé par une traduction qui, même si elle aurait pu être globalement correcte, comporte suffisamment de failles pour gâcher la lecture (dès le titre ; voir aussi les « ricanements divins »…). En résumé, même si La Cabane est loin d’être à la hauteur de certains de ses prédécesseurs (comme ceux de Peretti), le projet ne manque pas d’audace et ne manque pas de susciter la réflexion.

lundi 13 avril 2009

Jésus en questions

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Le deuxième volume de ''Jésus en questions'' vient de paraître dans la collection Croire Pocket.

Un excellent état des lieux vulgarisé des questions historiques sur Jésus, en un format bref et accessible.
Des questions comme :

  • "Judas n'a-t-il pas bien fait de trahir Jésus?" ;
  • "quel crédit apporter aux récits du tombeau vide?";
  • et même "le Saint Suaire est-il authentique?".


Ceux qui ont vu la série Corpus Christi, ou qui s'interrogent après avoir lu le dossier Jésus d'un news magazine, trouveront dans ce petit volume des informations utiles et éclairantes.

vendredi 13 février 2009

Apologétique

Dans la catégorie évangélisation/apologétique, le prix du meilleur livre paru en 2008 a été décerné par le magazine Christianity Today à The Reason for God: Belief in an Age of Skepticism, de Timothy Keller (chez Penguin/Dutton). L'auteur est pasteur de l'Eglise presbytérienne du Rédempteur, à New York, et il se propose de résumer les meilleurs arguments en faveur de la foi chrétienne et de répondre aux "nouveaux athées". Reason_for_God.jpg

Reason for God

L'auteur cherche en particulier à répondre aux objections classiques: (1) il est impossible qu'il n'y ait qu'une seule vérité; (2) dans l'idée d'un Dieu d'amour qui veille sur un monde mauvais et corrompu, il y a une contradiction fondamentale; (3) dans l'histoire, l'Eglise s'est comportée comme un acteur de répression et d'oppression.

L'apologétique évangélique est donc bien vivante, comme en témoigne la couverture du numéro de janvier du Christianisme aujourd'hui, qui proposait un dossier sur la création du nouveau Réseau des Scientifiques Evangéliques, lancé sous l'impulsion des GBU, signe d'un réinvestissement apologétique du champ scientifique.

Dans le monde pluraliste d'aujourd'hui, où se côtoient de très près les différents systèmes religieux, l'apologétique chrétienne ne peut évidemment plus se permettre d'adopter la mentalité arrogante des pensées majoritaires. Et c'est tant mieux... Plusieurs récits de sens sont en concurrence. On ne peut pas imposer aux gens de choisir a priori l'un plutôt que l'autre, ni même de faire un choix. L'explication chrétienne du monde n'en est plus qu'une parmi d'autres. Il n'est néanmoins pas facile de conjuguer l'humilité et l'assurance. L'assurance qui est celle de la foi, une foi qui n'est pas immobilisée par le doute ni par les interrogations, une foi qui est "en quête d'intelligence", une foi qui cherche à comprendre ce qui anime les autres pour leur faire connaître la voie du Christ. Mais une humble assurance: car l'arrogance n'est pas une qualité chrétienne; car la foi évangélique ne cherche pas seulement à se dire aux autres mais aussi à s'interroger elle-même; car dans l'histoire de l'Eglise et sa réalité présente, les zones d'ombre ne manquent pas.

L'apologétique d'aujourd'hui doit donc se frayer un chemin entre le repli sur soi d'une humilité sans conviction, et l'arrogance d'une conviction aveugle. Le témoignage reste une approche de sagesse, dans la mesure où il rend à la fois compte d'un récit personnel et du récit biblique qui lui donne son sens. Mais aussi l'entrée en débat, parfois audacieuse, avec la pensée d'aujourd'hui. Voir les expériences intéressantes des GBU (dialogues et forums Veritas) et divers sites Internet: atoi2voir.com d'Agapé France; ou dieu-et-moi.com; entre autres.

jeudi 29 janvier 2009

2009 Christianity Today Book Awards

Comme chaque année, le célèbre magazine américain Christianity Today récompense les meilleurs livres de théologie (au sens large) parus pendant l'année écoulée (2008). Ces livres, qui valent en général la peine d'être lus, méritent quelques mots de commentaires à cause des tendances qu'ils reflètent.

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Dans la catégorie "Church/Pastoral Leadership" (donc Eglise et ministère pastoral), le livre choisi est Why We're Not Emergent, de Kevin DeYoung and Ted Kluck (publié par Moody). Il s'agit donc d'un ouvrage qui vient entrer en débat contradictoire avec le mouvement que l'on appelle outre-Atlantique "Eglise émergente" (Emerging Church). A l'heure où certains des points de repère et des fondateurs de ce courant ecclésial prennent leurs distances (comme Scot McKnight et Dan Kimball), il est intéressant que paraisse un livre qui apporte la contradiction à ce courant qui cherche à créer une Eglise adaptée à l'ultramodernité (ou postmodernité, comme on préfère l'appeler dans le monde anglophone), livre écrit par des gens qui pourraient "en être" (le sous-titre du livre est By Two Guys Who Should Be).

Mais revenons un peu en arrière. Le courant qui se nomme "émergent" est, au départ au moins, une pensée typiquement nord-américaine. Face à ce qu'ils percevaient comme une politisation (de droite) excessive du courant évangélique, d'une part, et comme une incapacité des Eglises à toucher les nouvelles générations, d'autre part, certains pasteurs cherchèrent à élaborer une approche de l'Eglise et de la mission de l'Eglise qui conviennent à la situation présente, c'est-à-dire à la postmodernité. La politisation de l'Evangile les poussait à s'interroger à nouveau sur le sens du message, à la lumière notamment de l'histoire de l'Eglise (et en tout cas de certaines périodes anciennes qui leur paraissaient avoir été jusque-là négligées). Dans le même sens, et toujours pour débarrasser l'Evangile de ses vêtements politiques, voir le texte du Manifeste Evangélique (qui n'a rien à voir avec l'Eglise émergente).

Quant à l'incapacité de l'Eglise a atteindre les nouvelles générations, le constat était le suivant : malgré leur succès impressionnant, les méga-Eglises américaines, dont Willow Creek et Saddleback, ne parvenaient qu'à toucher la classe moyenne des banlieues américaines, sur le mode du pragmatisme, pendant que la génération suivante quittait l'Eglise ou ne s'y joignait pas.

Voilà pour les fondamentaux. Pour le reste, le mouvement de l'Eglise émergente rassemble des éléments disparates, intéressants ou regrettables selon les cas, dont il n'est pas facile de percevoir l'unité. D'un point de vue théologique, certains de ses courants font l'erreur habituelle de jeter le bébé avec l'eau du bain, comme s'il était toujours nécessaire d'avancer par coups de balancier successifs, et en l'occurrence de rejeter l'histoire évangélique des deux ou trois siècles passés à cause des égarements du vingtième siècle : la controverse fondamentaliste de la première moitié du siècle, le pragmatisme évangélique qui l'a remplacé, puis le conservatisme politique. Par ailleurs, certains semblent également faire l'erreur de penser, même s'ils ne le diraient probablement pas comme cela, qu'en renonçant à certaines doctrines évangéliques traditionnelles, ou en les atténuant, on va faciliter la communication de l'Evangile.

Il est intéressant que le livre ait été écrit par des auteurs de la génération postmoderne, qui sont donc plus sensibles que d'autres critiques l'ont été jusque-là aux problématiques de la société postmoderne. Le débat n'est pas sans intérêt. Car quel que soit le positionnement que l'on adopte, la question de la communication de l'Evangile dans le monde d'aujourd'hui, et en particulier aux générations de la postmodernité, reste posée. Et non seulement elle est posée, mais c'est (ou cela devrait être) une des questions essentielles du débat théologique d'aujourd'hui.

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