Homme-femme.jpeg Avant de poursuivre la lecture du livre How I Changed My Mind About Women in Leadership (voir ici), et puisque c’est la "journée de la femme", arrêtons-nous un instant sur la question de la complémentarité homme-femme.

Parallèlement au livre en question, je reparcours l'ouvrage collectif Women, Ministry and the Gospel (sous dir. Mark Husbands et Timothy Larsen, Downers Grove, IVP Academic, 2007), fruit d'un colloque tenu au Wheaton College, à Chicago, en 2005. A vrai dire, les deux ouvrages sont remarquablement complémentaires (!), le second étant très sérieusement théologique, tandis que le premier, tout en étant théologique, valorise le témoignage de l'expérience.

Dans Women, Ministry and the Gospel, l'un des contributeurs, Henri Blocher, avant de développer sa propre thèse sur le sujet, évoque la question de la complémentarité homme-femme d'une manière très éclairante. En fait, il conteste cette notion, très présente dans le monde théologique américain, sous le nom de position "complémentarienne" (complementarian).

Voilà quelques éléments de son raisonnement :

- Dans cette idée de complémentarité homme-femme, comme le relèvent souvent les féministes (à juste titre), homme et femme sont complémentaire, mais surtout la femme... La notion de complémentarité, apparemment innocente, a souvent caché "la complémentarité de la cuisine et du pupitre (du prédicateur)" (pulpit and kitchen), voire celle du maître et des serviteurs.

- Même si l'on parle couramment de "ma moitié", la question de la légitimité de ce langage se pose d'un point de vue biblique. Henri Blocher cite Erwin Metzke: "Parler de complémentarité des sexes est source d'erreur. Car l'homme n'est pas pour la femme (ni la femme pour l'homme) un simple complément... La notion de complémentarité... émerge toujours d'une fausse représentation, dont l'implication est qu'il faut chercher comment harmoniser deux éléments distincts qui ensemble forment un tout. En réalité, il faut comprendre le commencement de la relation entre l'homme et la femme de la manière suivante: ayant été à l'origine fait l'un pour l'autre, ils entrent en collision et font l'expérience de leur différence; mais, lorsque l'un accepte l'autre dans ce face à face, ils donnent naissance à une histoire - l'histoire de deux êtres qui sont responsables l'un de l'autre."

- L'idée de complémentarité est absente du récit de la création de la Genèse, même du mot "aide" de Genèse 2.18. Dans toute l'Ecriture, chaque individu, qu'il soit homme ou femme, est considéré comme "complet" (même si le genre humain n'est pas "bon" s'il n'y a que l'homme, Genèse 1.27). Le mariage est donc le face à face de deux individus à part entière, complets.

- Le texte de la Genèse, d'ailleurs, ne souligne pas la complémentarité mais la similitude. L'auteur cite à ce propos Dorothy Sayers: "Ce qui est fondamental, c'est que les femmes sont plus semblables aux hommes que quoi que ce soit d'autre dans le monde."

(à suivre)